Nous avons l’honneur d’inviter, dans ce numéro, le Professeur Ngalla NDJITTE, Enseignant-Chercheur à la section de Mathématiques à l’UFR SAT, par ailleurs Directeur de l’Ecole Doctorale des Sciences et des Technologies.
1/ Vous êtes le Directeur de l’Ecole Doctorale des Sciences et des Technologies de l’UGB. Quel est le rôle de cette structure dans le dispositif pédagogique de l’Université ?
L’Ecole Doctorale des Sciences et des Technologies a pour rôle de former les doctorants à la recherche, et les préparer à une insertion professionnelle dans les domaines des sciences et des technologies. Elle encadre la totalité du cycle doctoral jusqu’à la soutenance de thèses.
2/ Quel bilan tirez-vous de l’Ecole Doctorale depuis sa création ?
Les Ecoles doctorales ont été créés dans un contexte difficile. Jusque-là, le chemin parcouru a été jonché d’embuches mais rempli d’enseignements. Le manque de ressources financières constituait un obstacle majeur pour le fonctionnement des Ecoles doctorales. Aujourd’hui, des actions structurantes nous ont permis de surmonter certaines difficultés, et de changer nos habitudes et notre façon de gérer les encadrements. Sous l’impulsion des Directeurs et des membres des Conseils Scientifiques et Pédagogiques (CSP), les structures ont commencé à prendre forme et des travaux ont été démarrés pour mettre un cadre juridique pouvant faciliter leur bon fonctionnement.
3/ Vous venez de prendre les rênes de l’Ecole Doctorale. Est-ce que des innovations vont être apportées dans le fonctionnement ?
Avec des Conseils Pédagogiques motivés, nous sommes en train de mettre les bonnes bases pour un rayonnement de nos écoles doctorales.
En ce qui concerne l’Ecole Doctorale des Sciences et des Technologies, dès ma prise de fonction, je m’étais fixé comme objectif premier de doter l’Ecole Doctorale d’un cadre juridique lui permettant de bien fonctionner. Avec l’adhésion de tous les membres du CSP, et après plusieurs réunions dans les laboratoires, nous sommes parvenus à produire des textes consensuels pouvant améliorer le fonctionnement de l’Ecole Doctorale. Il s’agit :
Tous ces textes ont été validés lors de notre CSP du 13 octobre 2020.
Dès la rentrée prochaine, des enseignements, sous forme de séminaires, seront organisés dans chaque formation doctorale, et aussi à l’échelle de l’Ecole Doctorale. Les candidats aux doctorants sont obligés de valider une vingtaine de crédits avant de déclencher tout processus menant à une soutenance de thèse.
4/ Quelles sont vos perspectives ?
Dès l’adoption du cadre juridique, nous nous sommes attelés à travailler pour l’atteinte de notre deuxième objectif : faire en sorte que les Ecoles doctorales aient leur propre budget pour pouvoir mener à bien leurs activités.
Vous me donnez l’occasion ici de remercier personnellement le Recteur, le Professeur Ousmane THIARE et tous les Directeurs d’UFR et d’Institut pour leur soutien apporté aux Ecoles Doctorales. Chacun a cédé une partie du budget de son établissement au profit des Ecoles Doctorales. Ils ont tous compris qu’ensemble nous devons travailler pour un rayonnement de nos écoles doctorales.
Pour la première fois, les Ecoles Doctorales de l’UGB sont dotées de budgets. Nous allons travailler avec tous les acteurs de l’UGB, et dans un Collège National des Ecoles Doctorales pour que les préoccupations des Ecoles doctorales soient prises en compte au moment de la détermination de la dotation de l’Etat envers les universités.
Notre troisième objectif consiste à doter les Ecoles doctorales d’un cadre de travail respectable. Faire en sorte que les Ecoles doctorales soient plus accueillantes. Sur ce, nous allons travailler à doter les Ecoles Doctorales d’une salle de séminaire moderne, d’une salle de réunion multifonctionnelle, pouvant servir à toute la communauté universitaire. Nous allons aussi travailler à doter nos doctorants d’une salle des doctorants modernes.
5/ Vous êtes un acteur de l’université publique sénégalaise, quelle(s) solution(s) préconisez-vous pour faire face à l’instabilité qui caractérise présentement le secteur ?
Sur beaucoup de choses, notre manière de fonctionner est dépassée dans le contexte actuel. Beaucoup de nos réglementations ne sont plus d’actualité. L’application du Système LMD a des conséquences sur certains acquis. Les défis qui sont devant nous nécessitent que nous travaillions plus. Nos universités ne peuvent plus continuer à fonctionner comme avant. Je pense que seules des mesures courageuses peuvent avoir des effets positifs sur le système. Actuellement, il y’a l’énergie cinétique restante qui fait tourner la machine. Si rien n’est fait la machine va s’arrêter et la redémarrer sera encore beaucoup plus difficile.
6/ Vous enseignez les Mathématiques, mais aujourd’hui rares sont les apprenants qui choisissent les sciences. Comment faire pour encourager les jeunes à embrasser les filières scientifiques ?
Une volonté du gouvernement. Nous tous, y comprises les autorités, nous savons que les effectifs dans les séries scientifiques décroissent dangereusement. Malheureusement, nous ne faisons rien pour les faire monter ou même les maintenir. Cette situation ne peut être surmontée qu’à travers un combat national, et même en faire un problème de survie. L’Etat doit mener une politique spéciale pour cela. Il conviendra de trouver des stratégies pour motiver les élèves à aller dans les séries scientifiques. Un groupe conduit par le Professeur Abdou SENE avait initié des tournées dans les lycées du Sénégal pour faire des séries d’exposés sur l’importance des séries scientifiques. De telles activités peuvent jouer grandement à l’augmentation des effectifs dans les séries scientifiques. Je suis disposé comme tant d’autres de mettre toute l’expérience, l’expertise et tout le temps nécessaire pour une augmentation des effectifs dans les séries scientifiques.
7/ Professeur, la concurrence est réelle dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur avec l’ouverture d’autres universités, que préconisez-vous pour maintenir le cap de l’excellence à l’UGB ?
Cette question est tellement importante, et je pense qu’y répondre doit même être une préoccupation de l’UGB. Une université ne fonctionne que lorsqu’elle reçoit d’étudiants. Avec la carte universitaire actuelle, recevoir les meilleurs étudiants du Sénégal, comme dans les années 90, devient une tâche très difficile.
L’UGB doit :
Travailler sur ses offres de formations, proposer des formations innovantes, réalisables et avec des débouchés réels ;
Identifier les domaines où elle peut exceller ;
Travailler à avoir des années limitées dans le temps ;
8/ Nous voici au terme de cet entretien. Quel serait votre mot de la fin ?
Nous venons juste de fêter les 30 ans de l’UGB. J’en profite pour prier pour tous ceux qui étaient là à un moment donné et qui nous ont quittés. Je rends hommage au Professeur Galaye DIA qui nous a accueillis en 1990, un homme de valeur et un grand mathématicien.
Mes remerciements aux membres du CSP de l’Ecole Doctorale pour le travail qu’ils sont en train de faire.
Tous ensemble, tout est réalisable.