DCM : Pouvez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Khadidjatou Ngom, j'ai 24ans. Je suis Saint-louisienne originaire de Bambey Sérére. J'ai eu mon certificat de fin d'études élémentaire à l'école élémentaire Ndatté Yalla de Saint-Louis et mon baccalauréat série S2 au lycée des Jeunes Filles Ameth FALL de Saint-Louis. À l'école élémentaire, j'étais enfant parlementaire au parlement des enfants de Saint-Louis. Avec des camarades et l'encadrement de notre directeur d'école M. Abdou Karim GUEYE, nous faisions des plaidoiries sur des sujets comme la mendicité des enfants de la rue, la protection de la biodiversité, l'éducation etc. lors des journées et des événements comme la dictée PGL. J’ai été aussi lauréate du concours de récital de poésie, théâtre....organisé par l’ONG Plan Sénégal à la Radio Gunéyi à l'école élémentaire et au lycée. Tout ceci a forgé une bonne partie de ce que je suis aujourd’hui. Après l'obtention de mon baccalauréat, j'ai été orientée à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis à l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences Agronomiques de l'Aquaculture et des Technologies Agroalimentaires (S2ATA) à la section Technologies Agroalimentaires (T2A) où j'ai eu ma licence 3. Je suis actuellement en Master 2 Développement Rural et Coopération à l'UFR des Sciences Économiques et de Gestion (SEG). Je suis aussi titulaire d’un Diplôme Supérieur d'Entrepreneur Manager (Licence3 DISEM en 2020) au Programme Sénégalais pour l'Entrepreneuriat des Jeunes (PSEJ).
Je suis la présidente fondatrice de l'entreprise « La Nabienne » créée en avril 2019 s’activant dans le domaine de l'agrobusiness et promotrice du projet « DINKÀNÉ » lauréat du prix genre de la 3ème édition du Concours Interuniversitaire sur les Énergies Renouvelables et Efficacité Energétique (CIEREE). L’élément déclencheur de mon entrée dans l’entreprenariat fut l’année invalide (année académique 2018-2019) suite au décès de l’étudiant Fallou SENE avec comme conséquence des perturbations. Pour y faire face, l'État avait augmenté les bourses et reconduit les bourses pour les étudiants en fin de cycle (licence3 2017-2018). J’ai saisi cette opportunité pour épargner et investir dans l'achat de matériels avicoles, de poussins et d'un congélateur pour entreprendre et m'occuper en attendant l'ouverture des masters 2019-2020. Ainsi j'ai créé mon entreprise en me formalisant et j'ai diversifié plus tard mes offres avec la production de jus locaux, vente d'épices, l'exploitation agricole, la formation en agroalimentaire. J'ai cherché à me former dans l'entrepreneuriat, à m'intéresser aux formations, programmes, et à tout ce qui touche ce domaine qui me passionne. Je suis bénéficiaire de plusieurs sessions de formations en entrepreneuriat comme eQWiPHubs à l'Incubateur de l'UGB, Forum Jeunesse Sénégal avec l'Ambassade de France, Future Farmers of Africa avec Yessal AgriHub et l'Ambassade des Etats Unis, African Leadership Factory Initiative, PSEJ, Hub Nord by Jokkolabs, Agreenlab financé par l'Union Européenne, CIEREE...
Maachallah ! Maachallah
DCM : Pourriez-vous revenir sur votre projet DINKÀNÉ ?
Dinkàné (confier en wolof) est un projet de prestation de service de conservation de fruits et légumes dans une chambre froide solaire. Nous achetons, installons une chambre froide solaire et les producteurs amènent leurs produits pour la conservation et paient une rémunération selon la quantité de produits et le nombre de jour de conservation. Ce projet s'inscrit dans le contexte de la problématique de la conservation des fruits et légumes, des pertes post-récoltes au Sénégal, et particulièrement dans la zone nord due aux difficultés d'écoulement des productions surtout en période de surproduction, à la périssabilité des produits, au manque d'infrastructures de conservation avec la cherté des chambres froides et de l'électricité. Les producteurs tirent profit de ce service avec le rallongement de la durée de vie de leurs produits, grâce à une bonne conservation. A ce stade, ils n'auront plus à brader leurs produits par manque d'infrastructures de conservation. Ainsi leurs revenus ont augmenté avec la diminution des pertes de produits agricoles. Ils bénéficient d'un service de proximité avec l'installation de chambres froides dans les zones de production et centrales d'achat.
En outre, le prix Genre et Equité a été attribué au projet qui répondait le plus à ces deux questions suivantes : est-ce que le produit ou service offert contribue à l’amélioration des conditions des couches vulnérables en général et des femmes en particulier ? Est-ce que le projet favorise l’équité sociale et territoriale par l’accès à des produits ou services de qualité aux populations défavorisées ? J'ai remporté ce prix en tant que jeune femme entrepreneure de 2ans d'expérience avec un projet qui a un premier marché cible constitué de 45% de femmes, avec un service très accessible et presque inexistant dans les chaînes de valeur agricoles.
Mes attentes et perspectives sont l'obtention d'un accompagnement financier et technique pour la mise en oeuvre du projet pour que dans 2-3ans on ait de multiples Dinkàné dans la zone nord, la zone des Niayes et la Casamance.
DCM : Quels sentiments vous animent après avoir remporté le prix genre et équité lors du CIEREE 3 ?
Je suis animée d'un sentiment de fierté, mais aussi de gratitude envers tous ceux qui m'ont soutenu, cru en moi dès mes premiers pas dans l'entrepreneuriat, porté une oreille attentive à mes questionnements, et qui ont su me conseiller pertinemment. Considérez ce prix comme le vôtre et symbole de ma reconnaissance pour votre apport à la modélisation de ce projet.
DCM : Quelle appréciation faites-vous de la qualité de la formation à l’UGB ?
Je suis un pur produit de l'école publique, une sanaroise à qui l'UGB est d'un apport considérable dans sa formation. Si j'ai pu avoir des compétences, connaissances dans l’Agriculture qui m'ont permis de penser et de mettre en place des projets, c'est grâce à ma formation à l'UGB et tout l’accompagnement reçu.
Sanaroise un jour, sanaroise pour toujours....