La première édition des journées scientifiques de l'UFR CRAC s'est tenue les 15 et 16 juin 2022 à l'Amphi CRAC. Cette première édition est animée d'une part par le Professeur Felwine Sarr, professeur d'économie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et enseignant à Duke University aux États-Unis sur le thème : «Restituer le patrimoine africain: Enjeux éthiques, politiques et culturels », et d'autre part par le Professeur Abdou Ndukur Kacc Ndao, socio-anthropologue :«Repenser les sciences sociales en Afrique : méthodes, méthodologies et perspectives». Étudiants, PER, et PATS ont participé à ces deux journées d’intense réflexion. Plus généralement, ces journées ont permis aux chercheurs et étudiants de prendre connaissance des derniers travaux réalisés par ces éminentes personnalités et des problématiques d’'actualité.
D’emblée, le Dr Patrice Corréa, Directeur de l’UFR CRAC rappelle que ces journées scientifiques s’articulent autour de la problématique suivante « Penser l’Afrique ». Pour cela, il s’agit d’opérer des ruptures et de se libérer de la tyrannie de la pensée unique. Par ailleurs, ces journées traduisent la volonté d’émancipation et de rupture épistémologique prônée par l’UFR CRAC.
A l’entame de sa communication, le Pr Felwine Sarr s’est dit honoré d’animer ces journées scientifiques de l’UFR CRAC. A ce titre, il souligne que la problématique liée à la restitution du patrimoine reste une question très complexe. A cet effet, elle revêt à la fois une symbolique philosophique, historique et politique ouvrant une réflexion sur l’héritage colonial. Sur ce point, Pr Felwine Sarr a mis l’accent sur le rôle et l’importance du patrimoine, et de l’histoire pour les générations futures dans le projet de reconstruction de l’histoire. « L’Afrique doit imposer un nouvelle vision de l’avenir pour se reconstruire et se réinventer » a-t-il déclaré.
Il ressort de son analyse que le continent africain a une longue tradition de créativité, de production de sens, et de savoir endogène. Il en veut pour preuve le riche patrimoine des œuvres d'art, et la diversité du patrimoine immatériel comme les chansons et les peintures. Pour toutes ces raisons, l’Afrique a l’obligation de se réapproprier son histoire et sa mémoire, afin d’envisager un avenir radieux. Tout au plus, cette restitution ouvre-t-elle la voie à une pluralité d’interprétation, quant au sens et à la vocation de ce patrimoine. C’est dire que le retour de ce patrimoine permet de résister à l'oubli et à l'effacement de nos mémoires causés par la mutilation coloniale. A ce titre, il faut « lever les pièges du système pour investir le monde et se réapproprier notre culture ».
Somme toute, le Pr Felwine SARR précise que cette restitution patrimoniale va combler ce vide et réinventer un continent, porteur d’une nouvelle vision. Retrouver ces traces manquantes, et entamer un travail de reconstitution et de réinvention deviennent ainsi un challenge pour la nouvelle génération.
Quant à l’anthropologue, Pr Abdou Ndukur Kacc Ndour, il a reconnu l’immense complexité et l’évolution des champs d’investigation des sciences sociales. A cet égard, il a noté la nécessité d’investir le terrain pour mieux comprendre les phénomènes sociaux et collecter les données ethnographiques et ethnologiques fiables. Il suggère, sous cet angle de vue, que « Recueillir des données scientifiques et s’investir sur le terrain revêtent un intérêt particulier pour le sociologue ». A ce propos, il a rappelé que les méthodes, à savoir le questionnaire, les études de cas, nous permettent d’interroger notre corps et notre corporéité, ainsi que les phénomènes sociaux. « Les sciences sociales sont une production hétérogène de savoir et de sens fonctionnant sur un diffusionnisme scientifique » a-t-il déclaré. Partant de ce constat, elles empruntent des mots, des outils et des méthodes d’autrui pour mieux appréhender son objet. Dans le même ordre d’idées, il ajoute que les sciences sociales sont une production de sens hétérogène, complexes et diversifiées par la combinaison de différentes approches.
Sous ce rapport, ces démarches analytiques modernes dépendent du contexte, mais aussi du milieu, en ce qu’elles reflètent un imaginaire socio-politique bien défini. En ce qui concerne ces méthodes et méthodologies, il rappelle qu’elles tendent à donner des réponses rigoureuses et adaptées à nos interrogations.
En définitive, ces journées scientifiques, riches en partage d’expériences, ont été l’occasion pour le public d’échanger avec les conférenciers sur des points importants concernant les thèmes développés.