Deux modèles de foyer d’étuvage ont été installés depuis deux mois à Sokone, dans la région de Fatick. L’un a une chambre en acier noir garni d’argile tandis que l’autre est majoritairement en brique de terre cuite. Les foyers sont opérationnels et portent beaucoup d’espoir pour renforcer la productivité des femmes productrices d’anacarde. Pour l’occasion, une cérémonie d’inauguration a été organisée par l’Unité de Transformation d’Anacarde de Sokone (UTAS) en présence des autorités locales, l’équipe BIOSTAR UGB, les partenaires techniques (ISRA, CIRAD), l’Interprofession de Cajou au Sénégal ICAS et les invités du secteur d’activité.
La journée a commencé par une séance de prière. Après les discours d’usage et les témoignages, les femmes productrices ont magnifié la technologie issue de l’UGB, démultipliée grâce à la collaboration avec des équipementiers locaux. Puis les autorités ont procédé à la coupure de ruban avant d’assister à une démonstration du fonctionnement des deux étuveuses à coque d’anacarde. La représentante du maire, a félicité l’Université Gaston Berger, à travers le projet Biostar dont les précieux résultats de rechercher ont permis la réalisation des étuveuses.
En effet l’équipe du laboratoire de recherche a développé le prototype, installé pour les femmes productrices de l’Unité de Transformation d’Anacarde de Sokone. Le doctorant Ousmane Kontao et l’ingénieure de recherche Hélène Dupeux du CIRAD en font la maintenance et le suivi depuis deux mois. Les étuveuses dont la capacité de production est 30 kilogrammes par heure chacune, viennent pour améliorer les conditions de travail et la productivité des PME. Elles émettent peu de fumées, améliorent la qualité des noix produites tout en réduisant considérablement le temps de production qui était auparavant de 2h30 pour 20Kg seulement. Comparativement aux technologies utilisées par les PME exploitantes d’anacarde, elle permet de produire plus d’amandes de cajou de qualité en un court laps de temps tout en réduisant les émissions de fumées, sans exposer les opérateurs aux fumées de combustion.
Le foyer d’étuvage a été principalement développé au labo biomasse énergie de l’UGB. Il consiste en un foyer de combustion de coques d’anacarde dont la chaleur fait bouillir une cuve d’eau ; la vapeur ainsi créée passe à travers les noix d’anacarde situées sur le dessus l’installation. L’alimentation en coques d’anacarde a été automatisée grâce à une trémie fonctionnant à l’électricité : Le moteur est celui d’un essuie-glace de voiture et la vis de convoyage, un amortisseur de moto. Avec tout cela couplé à une plaque solaire pour l’alimentation en électricité. On obtient une technologie autonome qui peut être installée n’importe ou sur la planète. Cette étape majeure facilite le décorticage de la noix. Le débit de coque est de 6Kg/h pour les 35kW.
Les dames d’UTAS et leur présidente ont présenté les 2 bouilleurs et ont une nouvelle fois expliqué les changements intervenus notamment en termes de gains de productivité et d’amélioration des conditions de travail surtout grâce à la suppression des fumées toxiques lors de l’opération d’étuvage. L’équipe BIOSTAR a également exposé la démarche collaborative développée par le projet avec UTAS et quelques équipementiers sénégalais pour concevoir et développer des équipements bioénergies à travers l’histoire de la mise au point des bouilleurs de fragilisation des noix de cajou.
Le Secrétaire Général de l’Interprofession de Cajou au Sénégal, quant à lui, s’est réjoui de l’existence de ce dispositif d’étuvage de noix d’anacarde et a émis le souhait de le voir mis à disposition des producteurs de toutes les régions. Ce qui améliorerait leurs revenus et la qualité de leurs productions. Rappelons qu’en 2016, la valeur ajoutée de l’anacarde était de 32,6 milliards sur toute la filière cajou, avec une production annuelle de plus de 100.000 tonnes.
Ainsi, l’adjointe du maire a estimé que ces étuveuses pourraient être une solution pour fixer les jeunes du terroir en leur trouvant un emploi rémunéré. Ce qui permettrait de lutter contre l’émigration clandestines qui fait beaucoup de victimes dans la région. D’ores et déjà, un jeune issu de l’école de formation professionnelle de Sokone a été recruté par la PME UTAS pour assurer leur production. La cérémonie s’est terminée à 14 heures sur une note festive avec des chants et danses des femmes sérères très heureuses d’accueillir le précieux équipement. Pour information, le Projet BIOSTAR qui a financé le laboratoire biomasse-énergie de l’UGB, arrive à échéance en 2025.