Entretien avec Dr Aminata NDAW NDIAYE : « J’ai toujours été sensible à la cause féministe… »
Présentement Assistante administrative du Master de Traduction et Interprétariat de Conférences et de l’Institut des Langues pour la Formation et le Développement à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Madame Aminata NDAO NDIAYE est chargée de l’insertion des étudiants en fin de formation au sein du Département de Langues Etrangères Appliquées.
Orientée au Département des Langues, Littératures et Civilisations du Monde Anglophone à l’UGB après son BAC en Série L2, une fois en année en Licence, elle opte pour les Littératures et les Civilisations. Poussée par le goût de la lecture, de l’écriture et sensible à la condition de la femme, elle engage la rédaction de sa Thèse de Doctorat après son Master sur l’étude des genres et le combat des Femmes.
Dans cet entretien accordé à UGB-Infos, la dame qui suit la « trajectoire de son étoile » revient sur son parcours en mutation, de l’administrative qu’est au chercheure qu’elle devient, elle encourage les jeunes et les femmes engagés dans cette carrière universitaire et apprécie la recherche scientifique en formulant des recommandations pour son amélioration. Passionnée par la cause féminine, elle saisit l’opportunité que lui donne l’écriture pour s’adresser au monde.
DCM/UGB : vous venez de soutenir votre Doctorat en Littérature. Quelles ont été vos préoccupations dans ce travail ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : la cause féministe a toujours été une passion, il était presque évident que l’étude des genres serait mon domaine de prédilection. En effet, la réflexion sur les Questions du Genre (Gender Studies) suscite beaucoup de controverses à travers le monde. Ce faisant, la question féminine est apparue telle une problématique récurrente. Les Questions du Genre mettent l’accent sur la vie des humains en société pour étudier les différences entre hommes et femmes. Toutefois, il faut noter que ces différences de genre ne seraient pas du ressort d’une altérité biologique mais plutôt d’une idéologie culturelle qui repose sur la domination d’un sexe sur l’autre. Face à ce constat, les politiques essaient de lutter contre les inégalités de genre pour la liberté de tous les humains. Sont alors apparues au fil des décennies les terminologies égalité, discrimination positive et parité.
Dans notre travail de thèse, nous avons essayé de voir comment, les femmes de notre corpus parvenaient-elles à dénoncer les acteurs, facteurs et idéologies de discrimination. Ensuite, il fallait identifier les voies et moyens utilisés par ces femmes pour surmonter les discriminations. La dernière préoccupation était de trouver, parmi les multiples courants de libération de la femme qui secouent le monde, celui qui sied le plus à la femme africaine. En effet, s’éloignant du féminisme radical prôné quelquefois par l’Occident, la vision féminine et féministe de notre travail s’avère tel un défi. Défi visant à réclamer les droits politiques, sociaux, économiques et culturels des femmes mais tout faire pour que ces droits revendiqués soient en phase avec l’héritage culturel positif africain. Cette tendance afrocentriste conseille les femmes africaines à ne pas s’enfermer dans l’acceptation de l’assujettissement qui est néfaste à tout humain, mais aussi, de ne pas croire à tous les mirages de la modernité. Toute notre recherche a évidemment porté sous l’angle littéraire, puis sociologique, à quelques égards.
DCM/UGB : vous portez simultanément plusieurs casquettes. Assistante du Coordonnateur du Master en Traduction et Interprétation de Conférence (MATIC), Personnel Administratif Technique et de Service et enfin docteure il n’y a pas si longtemps. Quelle a été la clé de votre succès ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : je ne sais pas si on pourrait parler de succès. Disons plutôt trajectoire. Oui j’ai été étudiante, ensuite j’ai travaillé dans l’événementiel, la communication, les projets. Aujourd’hui, Personnel Administratif, Technique et de Service, je suis chargée de l’insertion des étudiants en fin de formation au sein du Département de L.E.A. Par ailleurs, je suis l’assistante administrative du MATIC et de l’ILFORD. Dans la vie, on apprend qu’il existe une étoile pour chacun de nous. Alors, on suit l’étoile. Avec la foi, la volonté, le courage et la résilience, on laisse notre étoile nous guider et naît alors une trajectoire.
DCM/UGB : qu’est-ce-qui vous a motivé à poursuivre vos études jusqu’à l’obtention du Doctorat ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : la motivation première est somme toute personnelle et évidente : le goût des études insufflé par mes parents, mes instituteurs et mes professeurs. Ensuite, sensible à la condition de la femme, j’ai voulu m’engager avec l’outil qui s’est présenté à moi : l’écriture, et le goût de l’écriture a abouti à la présentation de la thèse de Doctorat.
DCM/UGB : comment appréciez-vous la recherche au Sénégal, et à l’UGB en l’occurrence ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : la recherche au Sénégal est fructueuse en thématiques. A l’UGB, en particulier, la recherche est de renommée internationale, proposée par l’ensemble des personnels et des étudiants de l’Université. Il n’est pas étonnant de voir les nombreuses distinctions acquises par l’ensemble des trois entités de la communauté de l’UGB.
DCM/UGB : justement Docteur Aminata NDAW, quelle (s) solution (s) préconisez-vous pour asseoir une véritable culture de la recherche ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : une véritable culture de la recherche passe impérativement par la présence de moyens qui pourraient motiver les potentiels chercheurs. Les moyens proposés sont d’ordres multiples. Il faut que les instances de l’Université informent et communiquent davantage et à temps sur les possibilités de propositions, conventions, bourses, projets, appels à candidatures, offres qui pourraient intéresser enseignants, administratifs et étudiants qui s’activent dans la recherche. Il faut un accompagnement institutionnel, matériel et financier, au besoin. Enfin, il faut mettre en exergue les réussites des chercheurs non seulement à l’échelle de l’Université mais aussi par le biais de supports de communication externe pour que les productions scientifiques des chercheurs de l’UGB soient visibles à portée internationale. Cela pourrait motiver beaucoup de gens.
DCM/UGB : quel est le message que vous voudrez lancer aux jeunes chercheurs et surtout chercheures ?
Dr Aminata NDAO NDIAYE : aux jeunes chercheurs, je leur demande de croire et d’oser. Ils doivent aller au bout de leurs ambitions en faisant de la recherche tout en s’armant de courage, de confiance en soi mais aussi et surtout de performance. Il faut qu’ils soient brillants dans leurs domaines de recherche ou bien qu’ils s’en donnent tous les moyens demandés. Aux jeunes chercheures surtout, je leur propose de miser sur le capital temps. On a vite compris que certaines jeunes chercheuses, libres de toute attache matrimoniale produisent plus vite que leurs consœurs qui ont le devoir de remplir les tâches d’épouse et de mère.
DCM/UGB : votre mot de la fin, Docteur Aminata NDAW ?
Aminata NDAO NDIAYE : remercier la Direction de la Communication et du Marketing pour le choix porté sur ma modeste personne. Vous remercier aussi pour avoir insisté car c’est un entretien que vous avez souhaité depuis longtemps. Mais je voulais demeurer humble et j’étais réticente à l’idée de me ‘dévoiler’. Mais bon, c’est fait maintenant! Je remercie ma Section de formation qui est la Section LLCMA, la Section de LEA, l’UFR des Lettres et Sciences Humaines, le corps professoral et mes collègues du PATS sans oublier les étudiants. Puissent-ils trouver ici l’expression de mes sentiments les plus chers à leur endroit. A toute la communauté de l’UGB, je souhaite de très belles choses !
Entretien réalisé par la
Direction de la Communication et du Marketing (DCM)
Université Gaston Berger de Saint-Louis