Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour m’avoir donné l’occasion de revenir sur mon parcours universitaire. Je suis un produit de la Section des Langues et Civilisations du Monde Anglophone (Section d’Anglais) où j’ai obtenu un Diplôme d’Etudes Universitaires Générale, une Licence / option Linguistique-Grammaire et une Maîtrise option Linguistique/Grammaire. Après la maîtrise, je suis allé au Département de Linguistique et des Sciences du Langage de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar pour y suivre un Master en Sciences du Langage option Sociolinguistique. Après le Master, je me suis inscrit en Doctorat en juin 2012 à l’Ecole Doctorale Arts, Cultures et Civilisations. Une thèse que j’ai bouclée en 2015 mais je n’ai pu la soutenir qu’en 2018.
Ces années de recherches ont été pour moi des moments symboliques, de découverte du monde de la recherche. Elles ont également été pour moi des années de sacrifices ; car une thèse au Sénégal est très difficile surtout quand vous êtes en situation de handicap avec tout ce qu’il y a comme problème d’accessibilité des édifices universitaires, d’édifices publics généralement.
Cette consécration scientifique représente pour moi une grande fierté car cela permet de montrer que le handicap n’est nullement un obstacle à la réussite mais devrait plutôt constituer une source de motivation. Je veux dire par là que si vous êtes en situation de handicap vous devrez vous battre comme tout le monde pour réussir et participer au développement de votre pays et construire votre vie. N’acceptez jamais qu’on vous réduise à votre handicap.
La recherche à l’UGB pour moi connaît une avancée significative pour la simple et bonne raison que la nouvelle génération de doctorants est de plus en plus consciente de la mission dont elle est investie. Ce constat est pratiquement général à l’échelle nationale, j’en veux pour preuve le nombre important d’étudiants qui s’inscrit en thèse augmente d’année en année. Ainsi, on enregistre un nombre important de docteurs ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.
La scolarité faisant partie de la vie de la société, je me suis dit qu’il faut se battre pour réussir dans les études et y trouver ma place. Aussi, j’ai pu côtoyer, à travers les OPHs (Organisations de Personnes Handicapées) des personnes qui m’ont toujours fait comprendre que je peux réussir dans les études malgré mon handicap. Et, donc, ces propos étaient pour moi une source de motivation.
Le message que je veux lancer à l’endroit des frères et sœurs en situation de handicap est qu’il faut continuer de se battre comme tout le monde malgré les difficultés dans lesquelles vous êtes. Je parle des difficultés parce que pour moi, la première difficulté à laquelle nous sommes confrontés, est celle relative à l’accès aux édifices universitaires. Une situation qui accentue le handicap. Je pense qu’aujourd’hui l’Université Gaston BERGER de Saint-Louis devrait constituer une sorte de laboratoire de recherche dans le domaine du handicap. Mais également, une référence pour les autres universités du pays dans le champ du handicap.
Je remercie les autorités universitaires pour tout leur soutien et tous les professeurs de la section d’anglais pour avoir guidé mes pas dans la recherche. Je crois qu’aujourd’hui avec le vote de la Loi d’Orientation Sociale de 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées, les universités se voient confier de nouvelles responsabilités en matière d’accueil des étudiants en situation de handicap. Elles doivent créer et mettre en œuvre des dispositifs adéquats afin de favoriser l’accès de tous à l’université, et de faciliter le parcours de l’étudiant en situation de handicap.
Pour terminer, je voudrai lancer un appel solennel à l’endroit des autorités universitaires sur l’importance d’une politique transversale et intégrée du handicap en adoptant une politique sociale forte pour faciliter le séjour des personnes vivant avec un handicap dans ce temple du savoir. Le rôle de l’université est de remplir son obligation d’accessibilité aux savoirs, par le biais d’aménagements adaptés.