Notre rubrique Vie étudiante vous présente dans cet entretien l’étudiant Abdoulaye BA, ingénieur agrobusiness, Directeur et fondateur de la start-up Diobass agroalimentaire
DCM : Pouvez-vous vous présenter ?
Abdoulaye BA : Je me nomme Abdoulaye Ba, ingénieur agrobusiness de formation à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Entrepreneur et Consultant. Je suis un jeune de 24 ans natif de la région de Thiès. J’ai obtenu mon Baccalauréat série S5 (Sciences et Technologie du produit alimentaire) en 2012 au Lycée d’Enseignement Technique et de Formation Professionnelle de Thiès, puis j’ai intégré l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, précisément l’UFR des Sciences Agronomiques d’Aquaculture et de Technologies Agroalimentaires durant 3 ans. Après l’obtention de ma licence en Sciences Agronomiques (option Technologies Agroalimentaires) en 2016, je suis sélectionné à l’UFR des Sciences Economiques et de Gestion pour un Master Agrobusiness (Gestion des Entreprises Agricoles).
J’ai fait également plusieurs formations certifiantes en entrepreneuriat et employabilité, Gestion de projet, Leadership et Développement personnel à l’incubateur de l’UGB et dans d’autres organismes nationaux et internationaux. J’ai été aussi lauréat dans plusieurs concours de projets et d’incubateurs comme : lauréat des Fonds d’innovation de Eqwip Hubs Saint-Louis, 3ième prix concours des jeunes entrepreneurs prometteurs, lauréat au Programme Sénégalais de l’entrepreneuriat des Jeunes PSEJ et Incubateur Libres Ensembles au Togo.
Actuellement, je suis Fondateur et Manager général de Diobass Agroalimentaire qui est une start-up qui évolue dans le domaine agricole, la formation et la consultance.
DCM : Pouvez-vous présenter votre startup ?
Abdoulaye BA : Notre start-up Diobass agroalimentaire qui tire son nom de la zone d’implantation (la commune de Notto Diobass située dans la région de Thiès) a été créée en janvier 2018. Diobass Agroalimentaire est une entreprise agricole, de formations et de consultances. C’est une équipe dynamique composée de jeunes très ambitieux et amoureux du travail bien fait. Notre objectif est de promouvoir la consommation locale et l’entrepreneuriat agricole. Nous produisons du jus de fruits locaux naturels sous trois formats : des sachets de 100 FCFA qui sont vendus dans les marchés de la ville de Thiès et des bouteilles de 1 litre et de 1,5 litre destiné aux restaurants, supermarchés et stations-services. Actuellement nos jus sont disponibles dans toutes les stations Total de la ville de Thiès.
Nous vendons des fruits et légumes avec notre service « Ndougou à Domicile ». Nous mettons à la disposition des familles, des paniers de légumes frais et sains tous les jours sur commande. Diobass Agroalimentaire offre aussi des services de formations et de consultances aux porteurs de projets, aux organismes d’accompagnement et d’encadrements des jeunes et femmes et aux GIE de femmes transformatrices.
Notre vision est de faire de notre commune, la commune DIOBASS, un pôle agricole et agroalimentaire pour participer au développement actif de cette zone par la création de richesse et de l’emploi. Je rêve d’un Sénégal qui a une autosuffisance alimentaire, je rêve d’un Sénégal où nous produisons ce que nous consommons et nous consommons ce que nous produisons, je rêve d’un Sénégal exportateur et non importateur de produits agricoles. Et ce défi, c’est le défi d’une jeunesse consciente et responsable.
DCM : Pourquoi avez-vous choisi l’entreprenariat ?
Abdoulaye BA : J’ai choisi l’entrepreneuriat parce que j’ai toujours été un jeune débrouillard avec l’ambition d’être autonome. Je me suis également lancé dans l’entrepreneuriat parce que j’aime relever des défis et j’aime aider ceux qui en ont besoin. Etre un entrepreneur pour moi, c’est aider les autres en mettant en place un système (une entreprise) qui permettra de soutenir des gens par la création d’emploi et de richesses, pour ainsi participer au développement social et économique de mon pays. Je rappelle que j’étais responsable qualité dans une entreprise, après trois mois de service j’ai démissionné parce que je ne suis pas fait pour être salarié et le pire, je n’utilisais que 5% de mes compétences acquises au cours de ma formation dans l’entreprise où j’étais. Voilà la raison pour laquelle j’ai décidé de créer mon entreprise et de quitter l’emploi salarial.
DCM : Quel est l’apport de la formation acquise à l’UGB dans la réalisation de votre projet ?
Abdoulaye BA : Je pense que la formation acquise à l’UGB a été d’un grand apport dans la réalisation de mon projet. Je remercie de passage tous mes professeurs de l’UFR S2ATA et SEG. J’ai créé une entreprise dont les activités sont en phase avec mes domaines de compétences. Les connaissances théoriques et pratiques acquises m’ont beaucoup servi dans l’élaboration de la partie technique de mon projet. La formation solide que j’ai reçue à l’UGB m’a permis par ailleurs de donner des formations à des jeunes et des femmes dans les métiers de la transformation agroalimentaire.
DCM : Comment voyez-vous la formation délivrée à l’UGB ?
Abdoulaye BA : A mon niveau, Je pense que la formation délivrée à l’UGB est de bonne qualité. Les formations relatives aux sciences agronomiques de mon point de vue répondent à la demande du marché de l’emploi.
Je suis un entrepreneur et mon entreprise promeut l’entreprenariat des jeunes. Pour aider les étudiants à mettre en pratique leurs connaissances, il faut favoriser la création d’entreprises par les étudiants et pour les étudiants dans l’espace universitaire. L’incubateur de l’UGB est en train de jouer actuellement un rôle important dans ce sens en offrant des formations en entrepreneuriat de très bonne qualité, mais il faudrait que l’initiative vienne des UFR et des sections. Que ces dernières incitent les étudiants à entreprendre en organisant des séminaires de formation sur l’entrepreneuriat et la création d’entreprise de manière récurrente, des concours de projets au sein des UFR et les accompagner à avoir un financement de démarrage.
DCM : Quelles difficultés avez-vous rencontré dans la réalisation de votre projet ?
Abdoulaye BA : Le premier obstacle rencontré est l’acceptation de l’idée de projet et la pression de notre environnement social tels que la famille, les amis, etc. N’ayant pas la culture entrepreneuriale, ces derniers pensent qu’après l’obtention du diplôme on doit forcément chercher du travail. Ainsi à mes débuts, mon entourage familial ne comprenait pas pourquoi j’ai laissé le travail salarial pour me lancer dans une aventure épineuse. Mais je suis parvenu à les convaincre.
Il y’avait également la peur d’échouer parce que, être entrepreneur c’est avoir un état d’esprit extraordinaire surtout ici au Sénégal. Quand quelqu’un décide d’entreprendre, la première chose qu’on lui dit c’est « tôt ou tard vous allez échouer » « le système est pourri » et beaucoup d’autres critiques négatives. J’avais cette peur au début mais après des formations en leadership et développement personnel, j’ai pu vaincre cette frayeur et maintenant rien ne peut m’arrêter.
S’y ajoute un problème de financement puisque entreprendre dans le domaine agricole et la transformation agroalimentaire nécessite de l’investissement, mais je ne m’y suis pas focalisé puisque je me disais que tous ceux qui ont commencé à entreprendre ont démarré avec de petites sommes. Je n’ai pas cherché à avoir des millions pour commencer mon entreprise puisque j’ai commencé avec 115.000 francs et chez moi. Mais maintenant nous avons vraiment besoin de financement et d’investissement pour développer notre start-up et l’amener à un niveau supérieur. En ce moment, notre seul problème c’est de trouver un financement supplémentaire. Nous avons des terres, des ressources humaines de qualité et notre part de marché est en train d’augmenter.
DCM : Quel message pouvez-vous lancer aux autres étudiants qui hésitent à entreprendre ?
Abdoulaye BA : Je conseille juste aux étudiants qui veulent entreprendre de ne pas avoir peur. La seule chose qu’ils doivent faire c’est d’essayer. Je leur demande de vaincre la peur, de passer à l’action, d’avoir la culture de la gagne et de développer le mental de leader qui sommeille en chacun de nous. Voici selon moi les attitudes que doit adopter tout étudiant qui désire entreprendre. Mieux ce dernier n’a pas forcément besoin de fortes sommes d’argent. Avec 100 000 fCFA par exemple, l’entrepreneur en herbe peut démarrer ses activités parce que la meilleure façon d’avoir un travail c’est de le créer soi-même. Mais le problème des étudiants c’est qu’ils sont attentistes et prennent rarement des initiatives.
L’autre contrainte, c’est que les étudiants attendent la fin de leur cursus universitaire pour commencer à entreprendre. Je vous dis que moi j’ai commencé ici au campus, j’avais fait de ma chambre une boutique de vente d’habillement et de produits cosmétiques dès ma deuxième année « j’étais un marchand ambulant » et cela ne m’empêchait pas d’avoir de bons résultats et de valider mes UE avec mention. Juste pour vous dire que l’’entrepreneuriat n’est pas une question de diplôme, ni d’âge ni de genre, il suffit juste de la passion et de l’engagement. Donc soyez patients et persévérants, mes chers, dans tout ce que vous entreprenez ! C’est ce message que je lance aux jeunes et aux étudiants du Sénégal et en particulier de l’Université Gaston Berger.
DCM : Votre mot de la fin ?
Abdoulaye BA : Jeunesse de mon pays, travaillons ! Inculquons en nous la culture du travail, apprenons en permanence et arrêtons de perdre notre temps sur des choses stériles et infructueuses. C’est seulement avec le travail et la formation qu’on peut relever le défi. Merci
« Soyons des leaders actifs et inspirants pour un lendemain meilleur »
Entretien réalisé par la Direction de la Communication et du Marketing/UGB